La régression à la moyenne est un phénomène statistique où des valeurs extrêmes tendent à se rapprocher de la moyenne avec le temps. En d'autres termes, les performances exceptionnelles ont tendance à se modérer et les performances médiocres ont tendance à s'améliorer, vers une moyenne. C'est comme si la vie nous rappelait toujours à la réalité, après des moments de gloire ou de déception. Et les palets dans cette histoire ? Patience...
Bon, il parait que les blogs longs et chiants ne font pas beaucoup de traffic sur les réseaux, alors, forcément, avec un titre pareil je ne suis pas prêt de concurrencer Taylor Swift question "likes". C'est bien connu, les statistiques ça ne fait pas rêver !
Récompenser, réprimander ?
Le coaching est une activité qui procure son lot de satisfaction et des expériences vraiment enrichissantes. Alors que nous étions en séance sur des problématiques de management avec un PP vendéen (""Petit Patron"), celui qui fait tout dans sa boite, la déclaration TVA, les salaires, le ménage, le déchargement des camions, le chargement des camions, le recrutement, va chercher les chèques chez les clients très très rois, fait les devis, ouvre le portail le matin et le ferme le soir, etc...), nous parlions alors du principe bien admis selon lequel il est plus efficace de récompenser une amélioration que de punir une erreur.
A ma grande surprise, ce PP du nord Vendée me dit alors: "J'ai bien souvent félicité mes techniciens pour des montages compliqués, mais quand ils se retrouvent par la suite dans une situation similaire, le résultat est souvent moins bon. En revanche, je suis intransigeant et sévère avec ceux qui commettent des erreurs, en général, ils ne recommencent pas ! Donc ne viens pas me dire que la récompense fonctionne, parce que chez moi, c'est le contraire."
Sa remarque était juste, mais il avait complètement tort... Effectivement lorsqu'il rappelait à l'ordre un de ses employés, le résultat ne se faisait pas attendre et lorsqu'il félicitait, il était probable que le résultat n'était pas meilleur par la suite.
Pourquoi avait-il tort ?
Ce qu'il avait observé s'appelle la régression vers la moyenne, qui, dans ce cas, était due aux fluctuations aléatoires dans la qualité de la prestation. Il ne félicitait que les employés dont la performance était nettement supérieure à la moyenne, l'employé ayant sans doute bénéficié de conditions favorables, voire d'un peu de chance. Il était alors fort peu probable que ce dernier réitère la même performance aussitôt, félicité ou non. De même; l'employé remis à sa place suite à une prestation particulièrement mauvaise, vouée, quoiqu'en dise le PP, à s'améliorer très rapidement.
Partie de palets
Pour expliquer ce phénomène, je ne pris pas le risque de me perdre dans un pseudo cours de statistiques et je demandais alors au PP de se lancer dans une partie de palets (vive la Vendée !) avec quelques collaborateurs présents, et de ... se bander les yeux ! Evidemment la suite de la partie est assez facile à comprendre. Ceux qui lancèrent leur premier palet au milieu de la planche ne purent reproduire l'exploit qu'après un long entrainement, ceux qui ratèrent le premier coup n'eurent aucun mal à améliorer leur score au fil du jeu.
Conclusion de l'expérience; une très mauvaise performance est toujours suivie d'une amélioration et une très bonne prestation d'une détérioration, sans intervention, sans félicitations ou réprimandes.
Fort de ma démonstration, le patron comprit alors que ce n'était pas son intervention qui faisait évoluer les choses mais simplement une loi statistique (attention, je n'ai pas dis que certains ne méritaient pas d'être stimulés de temps à autre, même en statistiques il y a des exceptions...) Évidemment on peut transposer cette analyse à bien d'autres aspects de la vie en entreprise comme par exemple le choix d'un candidat pour un nouveau poste. Ce n'est pas parce que X a un parcours en apparence flatteur qu'il fera une meilleure recrue que Y qui semble avoir quelques lacunes ici ou là... Statistiquement X vous décevra davantage que Y car vous lui prêtez, à tort, un potentiel de résultats supérieurs. (je n'ai pas dis qu'il fallait embaucher Y!).
Vous êtes dans une très belle période, les clients signent vos devis, les chantiers se passent sans encombres... on ne s'emballe pas ! Les affaires vont très mal, des arrêts de travail à la pelle, des impayés... on ne s'emballe pas !
Un post long à lire ne fait pas de "likes" non plus, je dois conclure et vous avouer que j'ai emprunté la démonstration à Daniel Kahneman, spécialiste de psychologie cognitive et d'économie comportementale, prix Nobel d'économie en 2002 pour ses travaux sur le jugement et la prise de décision.
Ce concept n'a rien de nouveau, et chacun a pu l'expérimenter. Il s'agit simplement de prendre conscience qu'on ne peut pas tout maîtriser et que, tenter de le faire, peut s'avérer couteux en énergie et simplement...inutile.
Avez-vous déjà expérimenté cette loi de la régression à la moyenne ? Cet article vous a fait rire ou pleurer ? J'attends vos commentaires et je me tiens à votre disposition pour faire une partie de palets avec vos collaborateurs, et pourquoi pas ?
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